Maudit tailleur...

Comme je l'ai déjà dit, redit et re-redit... Au risque de vous ennuyer, je vais vous le redire :  bientôt je soutiendrai ma thèse. Je suis donc à la recherche d'un post-doc ou d'un emploi. Mon choix n'est pas encore établi. Comme je pense que je serais aussi heureuse dans le domaine de la recherche publique que dans la recherche et le développement privé. Mon choix se portera sur le premier qui me fera une offre concrète et intéressante. J'angoisse beaucoup trop de me retrouver au chômage et de devoir vivre chez mes parents pour faire des économies ( parce qu'avec le chômage que je toucherai je n'aurai pas les moyens de payer mon loyer prohibitif, que j'ai déjà du mal à payer avec mon salaire...).
Qui dit premières demandes d'emploi (ou de post-doc), dit premiers entretiens d'embauche. Sortant d'une école d'ingénieur, on m'a appris qu'un entretien d'embauche, c'est l'équivalent d'un premier rendez-vous amoureux (ça tombe assez mal pour moi puisque je suis rouillée pour les deux...). Je me souviens du prof de sciences sociales de cette fameuse école d'ingénieur le jour où il nous a expliqué comment faire une bonne première impression à un entretien d'embauche. Il nous a dit : "Un entretien d'embauche, c'est comme un rendez-vous amoureux. La première impression est cruciale. Que faites vous pour préparer un rendez-vous amoureux ? Vous prenez une douche, vous vous astiquez bien..." et c'est sur les fou-rires de plus de 150 étudiants qu'il a conclu : "pour un entretien d'embauche c'est pareil". Le pauvre... Je pense que toute ma promo pourra vous confirmez mes dires, ils doivent s'en souvenir aussi bien que moi. Mais malgré le choix hasardeux des mots, l'idée principale était là : la première impression est cruciale. Je me suis donc mise en quête d'un tailleur pantalon (parce que première impression certes mais confort avant tout).
Car si pour un entretien d'embauche en post-doc, je pense qu'il ne sera pas choquant que j'arrive en jean troué avec un T-shirt "I love Sushi" que j'utilise en pyjama, les cheveux gras et à peine coiffé. Le monde de la recherche publique ne juge pas le contenant mais le contenu... Le monde du privée souhaite un contenu capable dans un contenant agréable... C'est là que tout ce complique... Parce que depuis presque trois ans, j'ai appris à me contenter de peu au niveau de ma garde robe... L'essentiel pour moi lorsque je vais au travail c'est bassement que les fringues soient propres... Ce qui entre nous soit dit n'est pas forcément une priorité pour tous les chercheurs (plusieurs noms me viennent d'ailleurs en tête). J'ai beau eu regarder l'étendue de mes fringues, je n'ai trouvé que du honteux (les trucs avec des trous et des tâches qui ne partent pas mais qu'on aime tellement qu'on ne veut pas les jeter), du mettable (les trucs un peu vieux et difformes mais qui passent quand même quand on a pas les moyens de changer), de l'acceptable (les trucs qu'on peut mettre quand on veut ressembler à quelque chose, pour une présentation devant publique ou la rencontre d'un collaborateur), du très acceptable (que l'on met pour sortir dans l'espoir de trouver quelqu'un qui voudra bien vous aider à l'enlever)...
Mais après des heures de fouilles archéologiques dans une penderie qui n'a pas été trié depuis l'air primaire (je parle ici de l'école primaire)... Je me suis aperçue désespérée que je n'avais rien de convenable pour un entretien d'embauche ou pour une soutenance de thèse. Je suis donc partie en quête d'un tailleur tout simple. Oui, la recherche d'un tailleur pantalon noir ou gris s'est avérée être la chose la plus compliqué et la plus frustrante que je n'ai jamais eu à faire alors que je prépare ma soutenance rappelons-le une fois de plus.

Avec un budget limité et une taille 46/48, j'ai tout essayé : Camaieu, Promod, LMV, H&M, La Halle aux vêtements, Kiabi et j'en passe quelques uns... J'ai bien fait 5 aprés-midi shopping pour essayer de trouver ce maudit tailleur... A un moment, j'ai d'ailleurs eu un regain d'espoir chez H&M lorsque j'ai essayé un pantalon de tailleur gris en taille 46 qui m'allait comme un gant (enfin si on enlève les 10 cm de longueur que je retrouve systématiquement...). Mais au moment de trouver la veste de la même taille... J'ai eu l'explication de la vendeuse : "bah non les vestes ont les faits pas toutes en 46... Pour celle-là on s'arrête au 44. Par contre on a cette veste en 46 mais on a plus le pantalon, mais vous pouvez le mettre avec le pantalon que vous avez essayé sauf que ça va pas trop ensemble..." Ok, j'ai soufflé très fort, m'en prendre à cette vendeuse n'aurait servi à rien. J'ai décidé qu'il serait vain de téléphoner à la société mère pour leur demander de virer l'abruti congénital à la tête du service marketing qui à accepter qu'on produise le pantalon dans une taille mais sans proposer la veste du même gabarit à la cliente. J'ai soufflé une seconde fois pour ne pas m'écrouler en  larme dans le magasin totalement défaite parce qu'il serait impossible que je trouve ce fichu tailleur. J'ai renoncé à prendre rendez-vous chez mon medecin pour demander une prescription d'anti-dépresseurs me disant qu'il ne me trouverait pas crédible si je lui disais que je déprimais à cause d'un tailleur... 

Et j'ai décidé pour ma santé mentale que je soutiendrais ma thèse en pantalon noir et chemise rouge pour être classe juste ce qu'il faut... Et que pour le moment, je n'avais aucun entretien d'embauche mais que le cas échéant, le pantalon et la chemise devrait suffire pour le contenant.... Même si le contenu devra faire des miracles, puisqu'après tout  : "l'habit ne fait pas le moine" sauf pour le privé.

Dans un dernier soubressaut d'espoir et surtout à cause de la forte insistance d'une mère tenace, j'ai fait un petit tour sur internet au programme les 3 suisses, Quelle et la Redoute... Un petit miracle c'est alors produit lorsque j'ai trouvé une veste dans ma taille livrable en 48h. Entretien d'embauche me voilà... Sonne téléphone, sonne!